Il arrive souvent que l’anémie soit constatée lors d’un examen de routine dans le bureau du médecin, ou après que le patient ait rapporté des signes de fatigue, le symptôme fréquent d’une carence en fer. L’anémie ferriprive ne survient pas automatiquement. Elle résulte plutôt d’une progression en plusieurs étapes allant de la carence en fer à l’anémie complète.
En d’autres mots, une carence en fer indique des niveaux de fer inadéquats dans l’organisme; ce qui peut survenir en raison de plusieurs conditions, principalement attribuables à une perte sanguine ou à une absorption inadéquate. L’anémie ferriprive se présente sous forme d’une diminution du nombre de globules rouges ou d’une hémoglobine inadéquate, en raison de la carence en fer.
Les globules rouges (érythrocytes) transportent l’oxygène dans l’organisme grâce à l’hémoglobine. L’hémoglobine se fixe à l’oxygène et permet aux globules rouges de fournir du sang oxygéné à l’organisme. Le fer est nécessaire pour produire l’hémoglobine. Par conséquent, en cas de carence en fer, la production de l’hémoglobine est déficiente dans l’organisme.
Voici quelques faits :
- En moyenne, les hommes ont 5,2 millions de globules rouges par millimètre cube de sang, tandis que les femmes en ont 4,7 millions
- Chaque globule rouge contient 280 millions de molécules d’hémoglobine
- La production de globules rouges (érythropoïèse) survient surtout dans la moelle osseuse
- La durée de vie d’un globule rouge varie de 90 à 120 jours; lorsque les vieux globules sont éliminés par le foie et la rate, le fer est retourné à la moelle osseuse afin de fabriquer de nouvelles cellules
- Le fer en surplus est stocké dans le foie et la moelle osseuse pour la synthèse de l’hémoglobine.
Maintenant que nous voyons mieux ce qui survient dans l’organisme, voici les trois stades de la carence en fer, pour mieux comprendre sa progression.
Premier stade : Carence en fer
Au départ, un apport insuffisant en fer entraîne l’épuisement des réserves en fer dans le foie. Ce stade n’est généralement pas remarqué – il ne comporte aucun symptôme et aucun effet manifeste de la production des globules rouges (érythropoïèse) – et il n’est pas détecté à ce stade lors du dépistage de l’hémoglobine ou de l’hématocrite, étant donné que ces niveaux sont généralement normaux lors des épreuves.
C’est un stade souvent caractérisé par de faibles niveaux de ferritine sérique, indicateurs d’une diminution des réserves de fer dans le foie. Les analyses sanguines démontreront une baisse des niveaux de ferritine, alors que le niveau normal se situe entre 20 et 300 nanogrammes par millilitre (ng/mL). Il est cependant possible que le patient devienne symptomatique lorsque les niveaux de ferritine sont inférieurs à 50 ng/mL.
À ce stade, les réserves de fer sont significativement réduites, et parfois épuisées. À la longue, cet épuisement peut mener au deuxième stade.
Deuxième stade : Carence en fer
Deuxièmement, la carence en fer se développe et commence à réduire la production d’hémoglobine; les réserves de fer dans la moelle osseuse sont aussi substantiellement réduites. Même si ce n’est pas toujours le cas, lorsque survient la « triade des symptômes » liés à la carence en fer, les patients peuvent présenter une fatigue chronique, des difficultés de concentration et de l’irritabilité.
Ce stade est caractérisé par l’anomalie de certains paramètres des ions. Alors que les niveaux d’hémoglobine et d’hématocrite peuvent être réduits, la carence en fer pourrait ne pas être détectée à l’aide des valeurs seuils habituelles. Des niveaux réduits de ferritine surviennent généralement et peuvent être détectés, mais la capacité à lier et à transporter le fer est aussi accrue; c’est donc que l’organisme se prépare à recevoir du fer.
Les tests le plus souvent utilisés pour évaluer les patients chez qui on soupçonne une carence en fer incluent la capacité totale de fixation du fer (CTFF) et le test du fer sérique. Ensemble, ces deux analyses servent à évaluer la saturation de la transferrine, un indicateur utile de l’état du fer. Chez les patients en santé, de 20 à 40 % des sites disponibles de transferrine servent au transport du fer. Chez les patients démontrant une carence en fer, les niveaux de fer sont faibles, mais la capacité totale de fixation du fer sera plus élevée, ce qui entraîne une très faible saturation de la transferrine.
Stade final : Anémie ferriprive
À ce stade avancé, en raison de l’insuffisance chronique de fer dans l’organisme, les réserves de fer sont épuisées à un niveau ne leur permettant plus de produire l’hémoglobine requise pour fabriquer suffisamment de globules rouges. À mesure que l’organisme présente une carence de plus en plus élevée en fer, l’anémie empire et les symptômes s’intensifient. Ce stade se caractérise par une réduction significative des niveaux d’hémoglobine. De même, les analyses sanguines effectuées à ce stade démontreront des niveaux d’hémoglobine et d’hématocrite significativement faibles.
Comme on peut le constater, la détection précoce de la carence en fer n’est pas simple. Les symptômes généralement associés au premier stade (et parfois même au deuxième stade) ressemblent souvent à ceux d’autres conditions ou sont justifiés comme étant simplement de la fatigue. De plus, au moment où les changements de l’hémoglobine et de l’hématocrite auront été détectés par les analyses sanguines, les réserves de fer de cette personne seront déjà significativement épuisées et devront être renouvelées pour éviter d’autres symptômes et complications.
Rappelez-vous le message suivant : Si vous soupçonnez une carence en fer ou une anémie ferriprive, il est extrêmement important d’être proactif et d’en parler à votre professionnel de la santé!